À la rencontre d’Eva Damayanti, gardienne des coraux à Hatamin, Indonésie
Dans cette série d’articles, nous vous proposons de rencontrer des personnes qui marquent notre association, qui nous inspirent ou nous mobilisent.
Pour ce deuxième rendez-vous, nous donnons la parole à Eva Damayanti, manager scientifique et responsable administratif du programme “Pulau Hatamin Coral Sanctuary” en Indonésie
Peux-tu te présenter en quelques mots :
Je m’appelle Eva Damayanti et je travaille en Indonésie, à Labuan Bajo pour le programme “Pulau Hatamin Coral Sanctuary” avec Coral Guardian et la WES Fondation. Je suis la manager scientifique et responsable administratif.
Comment as-tu commencé à travailler dans la restauration corallienne ?
J’ai commencé à travailler dans la restauration corallienne en 2018 lorsque j’ai rejoint le club de plongée Anemon de mon université. Grâce à cette organisation, j’ai participé à des activités de transplantation et de suivi des coraux, ce qui a éveillé ma passion pour la conservation marine et m’a poussée à poursuivre dans ce domaine.
Qu’est-ce qui t’a motivée à rejoindre Coral Guardian ?
Rejoindre Coral Guardian avait beaucoup de sens pour moi, car cela combine la restauration des récifs coralliens et l’autonomisation des communautés locales. Je crois que la conservation marine ne consiste pas seulement à protéger les écosystèmes, mais aussi à soutenir les personnes qui en dépendent.
Y a-t-il une valeur ou un mot qui résume l’esprit de Coral Guardian / des programmes de restauration ?
Pour moi, l’esprit de Coral Guardian se résume en un mot : collaboration, car le succès de la restauration corallienne dépend du travail collectif avec les communautés locales et les partenaires.
À quoi ressemble une journée type pour toi sur le terrain ?
Ma journée commence généralement par la préparation du matériel avant de partir pour l’île de Hatamin. Une fois sur place, nous faisons de l’apnée pour surveiller les tables de coraux, les nettoyer ou y fixer de nouveaux fragments. Après les activités sur le terrain, j’aide à organiser et saisir les données collectées, puis je prépare les rapports ou le matériel pour l’activité suivante.
Qu’est-ce qui te donne de l’énergie dans ce travail ?
Voir les coraux grandir en bonne santé et savoir que nos efforts ont un impact positif sur le récif me donne une énergie incroyable. Travailler avec une équipe passionnée et être proche de l’Océan chaque jour me motive également énormément.
Peux-tu nous décrire le site de restauration ?
Le site de restauration se trouve sur l’île de Hatamin, une petite île entourée d’une eau bleu clair et de récifs coralliens. La zone est peu profonde, entre 2 et 7 mètres de profondeur, ce qui la rend idéale pour les activités en apnée. Actuellement, la surface totale de restauration couvre environ 1,2 hectare, avec 688 tables plantées et environ 78 000 coraux transplantés.
Quelles sont les principales étapes du travail de restauration ?
D’abord, nous préparons une structure métallique en forme de table et fixons du fil de fer à chaque intersection. Ensuite, nous collectons des fragments de coraux en bonne santé pour les attacher à la table. Une fois prêts, nous les fixons solidement au fil de fer. Il est important que les fragments soient bien attachés, ni trop lâches ni trop serrés, pour qu’ils puissent croître correctement. Enfin, lorsque toutes les intersections sont remplies, la table est prête à être installée dans la zone de restauration. Nous assurons ensuite un entretien hebdomadaire des tables et un suivi mensuel de la croissance des coraux.
Quelle est la plus grande force de ton équipe ?
La plus grande force de notre équipe est notre rêve commun de protéger et restaurer la vie marine. Nous croyons tous que même les petites actions peuvent avoir un grand impact sur l’Océan.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confrontés ?
Le plus grand défi actuellement est la prolifération des escargots Drupella dans notre zone de restauration, qui a entraîné la mort de nombreux coraux. Cependant, grâce à la détermination et aux efforts de notre équipe, nous espérons résoudre ce problème bientôt.
Et quelles sont tes plus grandes réussites ?
Ma plus grande réussite est de faire partie de l’équipe qui a réussi à transplanter plus de 78 000 coraux à Hatamin. Je suis fière de voir les coraux grandir et la vie marine revenir dans la zone restaurée.
Pourquoi est-il si important de restaurer les récifs ?
Restaurer les récifs est essentiel car les récifs coralliens sont la base des écosystèmes marins. Ils abritent de nombreuses espèces, protègent les côtes de l’érosion et soutiennent les communautés locales qui en dépendent pour se nourrir et vivre. En restaurant les récifs, nous contribuons à préserver à la fois la biodiversité marine et le bien-être des populations.
Quel est ton meilleur souvenir lié à Coral Guardian ?
Impliquer les pêcheurs et les enfants locaux dans la plantation de coraux a été l’une de mes expériences les plus marquantes. Voir leur enthousiasme et leur joie m’a apporté beaucoup d’espoir pour l’avenir. C’était un beau rappel que la conservation ne consiste pas seulement à restaurer les coraux, mais aussi à inspirer les gens à protéger l’océan ensemble.
Quelle est ta plus belle rencontre dans l’océan ?
Voir un bébé requin à pointe blanche caché sous une structure de transplantation a été l’un de mes plus beaux moments. C’était incroyable de constater que la zone restaurée devient à nouveau un habitat sûr pour la vie marine. Ces instants me rappellent pourquoi ce travail est si important.
Comment interagissez-vous avec les communautés locales ?
Nous travaillons avec les communautés locales en les impliquant dans la plantation de coraux et l’enregistrement de leurs captures quotidiennes. Cela les aide à comprendre le lien entre récifs en bonne santé et moyens de subsistance durables.
À ton avis, quels changements concrets apporte la restauration corallienne ?
La restauration corallienne aide les récifs à se régénérer, offre des habitats aux poissons et à d’autres formes de vie marine, améliore la biodiversité, protège les côtes et soutient les communautés locales qui dépendent de l’océan.
Si tu pouvais adresser un message aux personnes qui adoptent un corail, que leur dirais-tu ?
Merci d’avoir adopté un corail et de soutenir la restauration de nos récifs. Votre contribution aide à protéger la vie marine et à restaurer l’océan. Chaque corail que vous adoptez fait une réelle différence, et j’espère que vous êtes fiers de faire partie de cette aventure.
Si tu pouvais décrire l’océan en un mot, lequel choisirais-tu ?
Vie.