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Récifs coralliens

Les corallivores, des prédateurs au sein des récifs coralliens

Les corallivores, des prédateurs au sein des récifs coralliens
Publié par Leïla Ezzat | Publié le 28 February 2019

Mollusques, poissons récifaux, échinodermes, crustacés et annélides – qui sont ces organismes corallivores et quels sont leurs rôles au sein des récifs coralliens ?

Durant ses expéditions à bord du HMS Beagle en 1842, Charles Darwin observe des fragments de coraux dans l’estomac de deux espèces de poisson perroquet du genre Scarus. Cette étude constituera la première évidence de prédation sur le corail. Cependant, c’est véritablement dans les années 50 que des observations « comportementales » de prédation sont référencées par Jacques-Yves Cousteau lors de ses aventures sur la Calypso.

Des escargots corallivores Drupella cornus broutent un corail cerveau. Photo © Dr J Dafni / Marine Photobank

 

Poissons récifaux (poissons perroquets, poissons papillons, poissons-ballons), échinodermes (étoile de mer, oursins), mollusques (escargots) mais également crustacés (crabes) et annélides (vers) – les corallivores représentent une horde d’organismes, de plus de 150 espèces, connus pour se nourrir de tissu, mucus ou encore de squelette corallien. Ces organismes arborent des stratégies de prédation diversifiées (certaines espèces sucent le mucus ou les polypes, d’autres broutent le corail jusqu’à son squelette) et sont dits « obligatoires » (80% de corail) ou « facultatifs » en fonction de leurs régimes alimentaires plus ou moins strictes. Parmi les coraux les plus appréciés, on retrouve les genres : Acropora, Montipora, Pocillopora et Porites.

 

Au sein des récifs, les corallivores régulent l’abondance, la structure et la distribution des communautés. En retirant une partie du tissu et/ou squelette du corail, certains corallivores peuvent causer des dommages plus ou moins sévères aux colonies coralliennes, en affectant directement leur croissance, survie et reproduction – et indirectement en favorisant la compétition avec d’autres espèces, telles que les algues. On dénote cependant que certaines espèces de corallivores telles que les poissons perroquets et oursins favorisent la croissance, la survie des coraux en « broutant » les macro-algues (turf algae) présentes sur les colonies.

Acanthaster planci - Coral Guardian

L’étoile de mer vorace Acanthaser spp.

Les interactions « naturelles » corail-corallivore n’ont « historiquement » jamais causé d’hécatombe massive au sein des récifs. Or, les perturbations globales et locales affectant les écosystèmes coralliens viennent à modifier ces interactions, provoquant la prolifération d’espèces corallivores (étoile de mer, escargots) et indubitablement des mortalités importantes de coraux. Prenons pour example Acanthaster spp. Cette étoile de mer vorace pullule dans certaines régions du Pacifique et a décimé des récifs entiers en Australie mais également en Polynésie (le recouvrement de récif sain est passé de >40% à 5% en 2009 à Moorea). Certains chercheurs émettent l’hypothèse que l’excès des rejets issus des activités humaines (agricoles, urbains) pourrait favoriser la prolifération des larves d’Acanthaster spp. Cependant, les causes exactes de ces proliférations massives restent obscures. Alors que le changement climatique (phénomènes extrêmes, augmentation de la température, acidification des océans) et autres perturbations locales (surpêche, pollution, tourisme, urbanisation) ont décimé plus d’un tiers des récifs à travers le monde, le rôle des organismes corallivores pourrait alors s’intensifier dans les décennies à venir, réduisant à terme la résilience des écosystèmes coralliens.

 

Pour de plus ample information sur les corallivores et leurs interactions avec les changements globaux : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2018.00525/full

Contactez Dr. Leïla Ezzat à University of California, Santa Barbara – Mallory Rice, University of California Santa Barbara.

Photo à la une : Un poisson perroquet (Chlorurus spilurus) “broutant” les récifs de Moorea, Polynésie Française. (photo crédit: Katrina Munsterman)

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