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Biologie marine des coraux

À la découverte des coraux d’eau froide

À la découverte des coraux d’eau froide
Publié par Coralie Barrier | Publié le 24 February 2021

Les coraux d’eau froide existent depuis des millions d’années et ont colonisé l’ensemble des mers et océans du monde. Il n’est donc pas rare de les rencontrer le long de la côte continentale, des bancs sous-marins et des fjords. Pourquoi alors en entend-on parler si peu ?

 

Que sont les coraux d’eau froide ? 

Tout comme les coraux dits « tropicaux », les coraux d’eau froide font partie du Phylum Cnidaria. Ce sont des invertébrés marins caractérisés principalement par la présence de cellules en forme de harpon qui leur servent à se défendre et à chasser, appelés cnidocytes. Ici, le terme « coraux d’eau froide » inclut les cnidaires ayant un squelette calcaire, sachant qu’ils existent aussi des coraux « mous » présents aussi dans ces habitats. 

Les coraux d’eau froide se différencient des coraux tropicaux principalement par leur milieu de vie environnant. La profondeur à laquelle les coraux vivent est l’une des plus grandes différences entre les deux groupes. En effet, les coraux d’eau froide se développent en général à partir de 40 m de profondeur pouvant descendre jusqu’à plus de 1000 m [1]. Cette profondeur implique une vie à basse température comprise entre 4° et 13°C mais surtout une vie en totale obscurité où les algues symbiotiques, présentes dans les coraux tropicaux, se montrent absentes dans les tissus coralliens [1]. Ainsi, l’eau constituant leur habitat nécessite d’être riche en matière organique, notamment en zooplancton : leur principale source alimentaire. Un courant marin est également indispensable pour leur bon développement dans les fonds marins pentus de la zone bathyale [1]. 

 

Distribution mondiale des coraux d’eau froide 

Les coraux d’eau froide sont largement distribués sur la planète (Fig 1). Cependant, le niveau de recherche n’est pas le même selon les régions où se regroupent ces coraux. Grâce à la recherche faite sur des fonds coralliens précis, il a été possible de comprendre qu’ils regroupent normalement plusieurs espèces, avec une ou deux espèces dominantes.

 

 

Figure 1 : Répartition mondiale des coraux d’eau froide. Source : UN Environment Programme World Conservation Monitoring Centre.

Comme exemple, le plateau continental norvégien présente un des plus larges habitats de coraux d’eau froide connus par l’humain, et il possède donc une grande biodiversité. Il s’étend par la côte Atlantique jusqu’aux îles Canaries, les Açores et Madère. L’espèce de corail plus commun est Desmophyllum pertusum (aussi connue comme Lophelia pertusa) (figure 2) [1]. 

De l’autre côté de l’Atlantique, longeant la côte canadienne, les Caraïbes et arrivant jusqu’au Brésil, des colonies ramifiées de Madrepora oculata (figure 3) sont présentes en plus grande proportion que dans le nord de la Norvège [1].

 

Figure 2 : Colonie de Desmophyllum pertusum à 437m de profondeur. Source : NOAA-Pelagic Research Services.

Figure 3 : Colonie de Madrepora oculata à 750m de profondeur. Source : NOAA DeepCAST.

 

L’ensemble de ces coraux peuplant les mers et océans forme un habitat pour la faune qui y trouve refuge. Ces écosystèmes coralliens regroupent plusieurs espèces telles que : des éponges, des vers à soie, des crustacés, des mollusques et des poissons [1]. 

 

Les coraux d’eau froide dans le bassin méditerranéen 

L’image de la Mer Méditerranée comme étant une mer peu profonde et chaude prédomine dans l’esprit collectif. Ce que beaucoup ignorent, c’est que cette mer possède de nombreux canyons sous-marins pouvant atteindre plus de 2000m [2]. 

Les premières découvertes en profondeur, datant du milieu du XIXe siècle, montraient que les eaux profondes de la Méditerranée abritaient de la vie. Mais c’est à partir des années 1990 que des communautés coralliennes ont commencé à être décrites du point de vue biologique [2].

L’étude de ces habitats devient de plus en plus faisable grâce au développement technologique et à la diversité des appareils nécessaires comme les véhicules sous-marins téléguidés ou les outils de plongée. 

Parmi les différentes études en cours, deux zones sont particulièrement étudiées : la province de Santa Maria di Leuca dans la mer Ionienne et le banc de sable de Chella dans la mer D’alboran. Elles constituent des points chauds de la biodiversité qui se caractérisent par une densité corallienne remarquable, notamment de 3 espèces : Desmophyllum pertusum, Madrepora oculata et Desmophyllum dianthus.

Même si la plupart de ces écosystèmes coralliens se trouvent au-dessous de 40 m de profondeur, dans certaines régions il est possible de les rencontrer dans des eaux moins profondes. Cela facilite la recherche scientifique ainsi que la sensibilisation aux communautés locales. Mais en même temps, ils sont plus vulnérables à la pollution liée à la pêche et aux activités humaines.

 

Figure 4 : Localisation des différentes provinces des coraux d’eau froide de la Mer Méditerranée. Source : [2]

 

Menaces liées à l’activité humaine

Tout comme les récifs coralliens tropicaux, ces écosystèmes sont menacés directement ou indirectement par plusieurs activités humaines.  

Le chalutage et le placement de conduits entre autres [1] peuvent provoquer des dommages aux écosystèmes des coraux d’eau froide. Les activités pour l’exploration et l’exploitation des minéraux comportent des risques chimiques qui peuvent modifier le comportement alimentaire des coraux [1]. En effet, ces activités interviennent directement sur les fonds marins et sur la qualité de l’eau qui entoure les coraux. 

De plus, ils sont menacés par la pollution. Le matériel de pêche abandonné, ainsi que les déchets côtiers s’emmêlent dans la faune, mettant en danger leur survie. Ces pressions peuvent réduire la viabilité des coraux mais surtout nuire à l’abondance de certaines espèces plus fragiles que d’autres [1]. 

A l’échelle globale, le changement climatique est une des plus grandes menaces pour les coraux d’eau froide. En particulier les procès liés à l’acidification des océans, qui compromettent la capacité des coraux à former leurs squelettes de carbonate de calcium, affectent l’état de l’écosystème entier [3]. 

 

Conclusion

Les écosystèmes des coraux d’eau froide peuplent les mers et océans de toute la planète. Même si les efforts de recherche ont augmenté ces dernières années, la connaissance qu’on a de ces habitats est plutôt limitée. Cela n’empêche pas d’avoir la certitude qu’ils sont grandement menacés par certaines activités humaines. C’est pourquoi il est temps d’agir et de venir en aide à ces coraux en danger.

 Le projet en Méditerranée, développé en partenariat entre les associations Coral Guardian et Coral Soul, est né afin de protéger les fonds coralliens de la zone de Punta de la Mona, en Méditerranée au sud de l’Espagne. Ce projet a pour but la restauration des écosystèmes coralliens, le nettoyage des fonds marins, et l’implication et la sensibilisation d’acteurs locaux. Pour connaître les détails sur ce projet, rendez-vous sur notre page dédiée au projet ici.

 

Pour en savoir plus :

[1] Freiwald A, Fosså JH, Grehan A, Koslow T, Roberts JM (2004). Cold-water coral reefs: out of sight – no longer out of mind. Biodiversity Series 22. Cambridge (UK): UNEP World Conservation Monitoring Centre. 86 pp.

[2] Orejas C, Jiménez C (2019). Mediterranean Cold-Water Corals: Past, Present and Future Understanding the Deep-Sea Realms of Coral. Coral Reefs of the World Volume 9. Springer Nature Switzerland AG. 582 pp.  

[3] Perez, F. F. et al. (2018) Meridional overturning circulation conveys fast acidification to the deep Atlantic Ocean. Nature 554, 515–518. http://nature.com/articles/doi:10.1038/nature25493

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