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Conservation marine

Comment la COP15 de la Convention sur la Biodiversité affecte-t-elle les récifs coralliens ?

Comment la COP15 de la Convention sur la Biodiversité affecte-t-elle les récifs coralliens ?
Publié par Vincent Diringer | Publié le 23 February 2023

Après la Conférence des Parties des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) à Charm el-Cheikh, en Égypte (voir notre bref compte rendu ici), une autre conférence clé des Nations Unies focalisée sur la protection de la biodiversité a eu lieu au Canada. La 15ème réunion de la Conférence des Parties (COP15) sur la Convention sur la Diversité Biologique (sigles en anglais CBD) s’est tenue à Montréal (Canada) du 7 au 19 décembre 2022, et avait pour principal objectif d’adopter un cadre mondial de la biodiversité post-2020 : une vision et un programme stratégiques pour la conservation, la restauration et la gestion durable de la biodiversité à l’échelle mondiale pour les 10 prochaines années.

 

L’agenda était titré par l’objectif 30×30, un objectif ambitieux de protéger 30% des terres et des mers de la planète d’ici 2030 [1]. Soutenu par plus de 100 pays, l’objectif offrirait aux pays en développement et aux pays vulnérables au climat la possibilité de tirer parti de leur capital naturel tout en le conservant [2, 3].

 

En ce moment, environ 17% de nos terres et 10% de nos océans sont protégés. Les récifs coralliens, les forêts de mangroves et les herbiers marins sont importants pour le maintien de la biodiversité et ont un impact majeur sur l’écologie locale [4-6]. Du seul point de vue de la biodiversité, les océans sont un environnement important à protéger, mais si l’on considère les services écosystémiques qu’ils fournissent, et les avantages économiques qu’ils peuvent apporter s’ils sont gérés de manière durable leur valeur est inestimable.

 

Les récifs coralliens et le cadre mondial de la CDB

 

Outre les représentants des gouvernements nationaux, la conférence a compté sur la présence d’experts sur différents sujets liés à la biodiversité, prêts à fournir des conseils à la CDB pour le cadre mondial de la biodiversité post-2020.

 

Du point de vue des récifs coralliens, l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) – un groupe de nations et d’organisations travaillant pour la préservation efficace des récifs coralliens – était présente pour communiquer les recommandations du groupe de travail spécialisé, actif depuis 2018 sur le sujet.

 

Les 3 principales recommandations de l’ICRI sont :

 

  • Définir et hiérarchiser les récifs coralliens en tant qu’écosystème vulnérable à travers des objectifs et des cibles pour mettre en œuvre les efforts ;
  • Appliquer la hiérarchie de conservation (éviter, minimiser, restaurer, compenser) sur les objectifs de préservation des récifs coralliens, en mettant l’accent sur l’évitement des impacts ;
  • Utiliser les indicateurs recommandés par l’ICRI pour surveiller les récifs coralliens et suivre l’état des récifs coralliens mondiaux.

ICRI coral reef indicators

Figure : infographics of the indicators proposed by the ICRI members to monitor coral reefs’ health. Source: ICRI, 2021.*

Les récifs coralliens sont l’un des écosystèmes les plus importants sur Terre. Ils rassemblent plus de 25 % de toute la vie marine, et les récifs coralliens sont responsables d’une grande variété de services, notamment l’atténuation de l’action des vagues, la réduction de l’érosion et la création de possibilités de loisirs, de croissance économique et de conservation du patrimoine. [6]. En tant que tel, le maintien de la santé des écosystèmes des récifs coralliens est indispensable, et les avantages peuvent être encore plus améliorés en prenant des mesures pour protéger les environnements adjacents. L’Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA) indique que les récifs coralliens et leurs protecteurs contribuent à générer 3,4 milliards de dollars de revenus grâce au tourisme, à la pêche et à la valeur pour les communautés locales chaque année [7]. C’est donc une priorité mondiale d’agir pour protéger efficacement ces écosystèmes et les communautés qui en dépendent.

 

Des efforts mondiaux pour la conservation

Malgré quelques problèmes lors des négociations, un consensus a été atteint et l’objectif 30×30 a été adopté comme objectif global. Comme d’autres politiques internationales axées sur le climat, cet accord n’est pas contraignant mais vise à :

  • Protéger 30% de la planète pour la nature d’ici la fin de la décennie ;
  • Réformer 500 milliards de dollars de subventions préjudiciables à l’environnement ; et
  • Restaurer 30% des écosystèmes terrestres, aquatiques intérieurs, côtiers et marins dégradés de la planète [8].

Une décision historique, l’objectif 30×30 aidera à renforcer les efforts de conservation et à protéger les zones environnementales clés avec l’aide des communautés autochtones – avec l’avantage supplémentaire d’aider à développer des économies durables. Les principaux points d’achoppement seront désormais de suivre, de trouver des financements appropriés et de gérer activement ces zones, comme l’explique Catrin Einhorn du New York Times : « Une quantité démesurée de la biodiversité mondiale vit dans les pays du Sud. Mais ces nations manquent souvent des ressources financières nécessaires pour restaurer les écosystèmes, réformer les pratiques néfastes de l’agriculture, de l’aquaculture, de la pêche et de la foresterie ; et conserver les espèces menacées. [9]”

Alors que des questions subsistent quant à la faisabilité de cet objectif ambitieux et à la manière dont il peut être réalisé, les scientifiques, les militants et les diplomates sont tous optimistes quant au fait que le 30×30 apportera un changement durable et percutant, y compris l’ensemble de recommandations fournies par des groupes d’experts pour optimiser les efforts.

 

Impact sur les récifs coralliens

Ce que cela signifie pour les récifs est clair : une action plus holistique dans tout l’écosystème pour protéger et réhabiliter non seulement les récifs eux-mêmes, mais aussi les herbiers marins, les mangroves et les zones côtières qui sont liées à leur santé. Travailler avec les parties prenantes sur le terrain pour réduire l’utilisation d’engrais nocifs et d’autres effluents qui peuvent affecter l’environnement, ainsi que tirer parti des connaissances et des réseaux autochtones pour surveiller efficacement les projets.

En protégeant la nature ensemble, nous pouvons nous attaquer à des problèmes à multiples facettes comme le changement climatique, le développement socio-économique et la perte de biodiversité.

 

*En français : 1. Recouvrement en corail vivant : le recouvrement en corail vivant au sein du récif est un premier regard important sur la santé des récifs coralliens. 2. Étendue des récifs coralliens : mesure la surface recouverte par l’écosystème corallien et permet de savoir si elle augmente ou diminue. 3. Recouvrement en algues charnues et en groupes benthiques clés : une augmentation de la couverture d’algues charnues indique une dégradation de la santé des récifs coralliens, avec une diversité et une productivité diminuées. 4. Abondance et biomasse des poissons de récifs : les évaluations de la biomasse des poissons fournissent des informations sur l’état écologique des récifs coralliens et sur l’intégrité de ces systèmes. 5. Pourcentage des récifs coralliens effectivement protégés : mesure la surface des récifs coralliens du monde inclus dans des Aires Marines Protégées et Autres Mesures Efficaces de Conservation par Zone. 6. Index d’eutrophisation côtière : mesure la qualité des eaux des zones côtières est un indicateur de la qualité de l’habitat des récifs coralliens.

 

References

 

[1] High Ambition Coalition for Nature and People, (2022), “Why 30×30?”.

[2] Waldron, A., Adams, V., Allan, J., Arnell, A., Asner, G., Atkinson, S., … Zhang Y.P. (2022). “Protecting 30% of the planet for nature: costs, benefits and economic implications”, High Ambition Coalition for Nature and People.

[3] McDonald-Gayle, K., Moses, R., Troubetzkoy, K. & Jules D. (2021) “The Importance and Opportunities of the 30×30 Goal in the Caribbean”, Island Innovation.

[4] Wenhai, L., Cusack, C., Baker, M., Tao, W., Mingbao, C., Paige, K., … Yufeng, Y. (2019), “Successful Blue Economy Examples With an Emphasis on International Perspectives”, Frontiers in Marine Science 6. https://doi.org/10.3389/fmars.2019.00261.

[5] Koehring, M., Eiras, R., Mitchell, K., Afrin, Z., Shabnam, S., & Ebrahim A. (2022), “How can we Develop Blue Economy Opportunities?”, Virtual Island Summit, Island Innovation.

[6] National Oceanic and Atmospheric Administration, (2019), “Coral reef ecosystems”.

[7] Office for Coastal Management, (2023), “Coral reefs”, National Oceanic and Atmospheric Administration.

[8] Greenfield, P.& Weston, P. (2022), “Cop15: historic deal struck to halt biodiversity loss by 2030”, The Guardian.

[9] Einhorn, C. (2022), “Nearly Every Country Signs On to a Sweeping Deal to Protect Nature”, t

The New York Times.

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